J.Collins.

Ma naissance était une erreur. Si je n'étais pas née, tout aurait été bien meilleure pour moi mais surtout pour ma « famille », enfin ma mère. Ma naissance était également une erreur de la part des médecins. Mon père aurait été tellement heureux d'avoir un petit garçon. Désolé « Papa », de ne pas avoir comblé tes espérances. Peut-être qu'en fait tout aurait été plus simple si mes cellules n'avaient pas voulu faire de moi un fille. Oui! Tout aurait été certainement plus simple, et Tu serais toujours à mes côtés. Désolée Maman, de ne pas avoir comblé les espérances de ton mari.
Mais bon je ne vais pas m'éterniser sur ma naissance, elle a déjà suffisamment servi à rien.
Les années on passait, peut-être pas dans toute la joie que j'aurais voulu, mais certainement plus que dans celle que je connais aujourd'hui. Nous vivions mon géniteur, ma mère et moi, simplement tous les trois, dans une petite maison, pas bien grande, mais amplement suffisante. Lorsque je me retrouvais seule chez moi avec ma mère, que j'allais à l'école ou chez une copine, j'étais tout le temps emplie d'une joie immense, un sourire se dessinait sur mon visage enfantin ne se dissipant jamais. Jusqu'à ce que le moment de rentrer chez moi soit imminent.
Même si ma mère était à mes côtés, si maigre et fine qu'elle était, elle n'aurait pas vraiment eu une bonne idée d'essayer de s'interposer entre son mari et moi.
« Tu es une erreur de la nature, ma pauvre fille! Même de t'appeler ainsi me répugne!
- Aku! Comment peux-t...
- Ne te mêles pas de ça Hachi! »
Mon géniteur ne blessait ma mère que dans ses paroles, mais il la blessait également car elle se sentait coupable de ne rien pourvoir faire pour me protéger. Mais que voulais-tu faire face à Lui? Je suis désolée de t'avoir fais souffrir autant, ce n'était pas mon attention. S'il y a bien quelque chose qui me permette de tenir encore aujourd'hui, ce sont les larmes que j'imagine couler sur tes joues en voyant dans l'état que je me trouve et que je ne veux surtout pas te faire plus de peine en succombant à tout ce qu'il me fait subir.
Ce jour là, je m'en souviendrais toute ma vie, car c'est ce jour où tu es partie. Je ne t'en veux pas de m'avoir laissé seule, c'est à moi que j'en veux. Ce jour, tu as décidé de réagir en t'interposant. Ce jour, tu as pris le coup à ma place, malheureusement étant plus grande que moi, mon géniteur n'avait pas prévu que j'aurais pu me cogner à ce porte manteau en métal si j'avais étais plus grande. Et ce jour, c'est ta tête qui as tapé contre cette barre en fer. Tu voulais faire ça pour moi, pour mon bien, si seulement tu avais pensé aux conséquence? Mais je ne t'en veux pas, je ne t'en voudrais jamais, car c'est pour moi que tu l'as fais. Tu en as coûté de ta vie, pour me prouver que tu m'aimais et pour ça je ne peux t'en vouloir.
Aujourd'hui, mon géniteur m'en veut encore plus. Après ta mort, il a remis la faute sur moi, de toute façon tu sais comment il est, c'était prévisible qu'il réagisse de cette manière. Malheureusement pour moi, il n'est pas partit en prison, il a fait passé ça pour un horrible accident, comme quoi tu te serais emmêlées les pieds dans le tapis avant de tomber contre ce porte manteau. Porte manteau, qui d'ailleurs fut très vite envoyé à la poubelle. Je crois qu'en fait il t'aimait à la folie, cela expliquerait la force qui a émané de lui depuis ce jour et qui est toujours là.
Je me sens coupable en permanence. Cette pensée me fait mal. Lui me fait mal. M'excuseras-tu, si je ne résistes plus?

Pendant toutes mes années scolaires, je ne parlais à personne, la peur des autres m'envahissant. Mes camarades de classes, ainsi que les autres élèves de l'école, finirent par penser je devais être une sorcière et que je restais dans mon coin afin de lancer des maléfices à quiconque m'approcherait. Je ne démentis jamais ces rumeurs, j'étais même soulagée que les autres élèves aient peur de m'approcher, ainsi je n'avais pas besoin de les éviter. Puis après mes années passées au collège, j'entrai enfin au lycée, mon traumatisme toujours encré en moi. Les mentalités changent une fois arrivée au lycée, et heureusement. Les autres ne me voyaient plus comme une sorcière, mais simplement comme quelqu'un de solitaire et de pas du tout ouverte. Au moins, je n'avais pas à supporter les « OUUUHHH!! La sorcière! » ou encore « HAAAAAAAAAA! Elle m'a regardé, je suis sûre que je suis maudite T.T ». Ma première année se passa ainsi. Chaque jour, j'allais en cours afin de me libérer des horreurs de la maison, ce n'était pas vraiment plus joyeux puisque je ne parlais à personne au lycée - en même temps je ne devais m'en prendre qu'à moi-même - mais je n'avais pas envie d'aller vers les autres, car si je m'ouvrais cela revenait à révéler tout de moi aussi bien ce que j'avais envie ou pas. C'était déjà assez dur pour moi d'endurer tout cela, je n'avais alors encore moins envie de faire l'effort de raconter tout cela à quelqu'un d'autre.
Puis un jour, un élève qui était anciennement dans le même collège que moi arriva dans la classe en plein milieu de l'année. J'espérais qu'il ne me remarque pas, car il allait certainement raconter à tout le monde que j'étais une sorcière et encore une fois les moqueries allaient recommencer. Le dernier cour terminé, je sortis, comme à mon habitude, la dernière de la salle. J'avançais tranquillement dans les couloirs que je croyais désert, lorsque j'arrivai aux escaliers, c'est alors que je vis deux garçons, parmi eux mon ancien camarade de classe. Ils se sont alors avancés vers moi, j'ai reculé de quelques pas... Que me voulait-il? « OH! Mais c'est la sorcière! » Le deuxième le regarda bizarrement sans vraiment comprendre de quoi il parlait avant qu'il ne lui explique. Tous deux se mirent alors à rire, j'ai alors baissé la tête, encore plus qu'elle ne l'était déjà, sans dire un mot. Les deux garçons continuèrent à rire ouvertement sur moi, mais mes oreilles ne les écoutaient plus, n'entends plus qu'un fond sonore, quand soudain ce bruit de fond s'arrêta. J'ai alors relevé la tête et les deux garçons s'étaient arrêtés nette, avant de descendre l'escalier et de partir. J'ai alors tourné la tête derrière moi, c'est alors que je vis une jolie jeune fille me sourire avant de me demander si j'allais bien. La gentillesse qui émanait d'elle envers moi, me fit chaud au coeur. Alors quelqu'un pouvait me considérer comme une fille tout à fait normal? Qui n'était ni une sorcière, ni une naine?

Aujourd'hui, le garçon qui était également au collège avec moi, se moquait toujours de moi, mais comme d'habitude je ne disais rien, le laissant dire ce qu'il voulait. Vous vous demandez ce qu'est devenue la jeune fille qui m'avait aidé ce jour. Hé bien, je n'en ai aucune idée. Je n'ai jamais revu cette fille. Était-ce mon imagination qui m'avait joué un tour? Pourtant les deux garçons ne s'étaient pas enfuis pour rien... Ce jour restait gravé dans ma mémoire comme étant le plus grand mystère de ma vie... si seulement je m'étais attendue à ce que j'allais vivre par la suite dans ce lycée.
En ce qui concerne mon géniteur, c'est toujours la même rengaine. Voir même pire. J'avais l'impression que l'absence de plus en plus longue d'une femme à la maison, commençait à l'énerver de plus en plus. Après s'être occupée de moi, il passait le plus clair de son temps hors de la maison. Même s'il ne me disait rien de ses projets, de toute façon il ne me disait rien tout court, je savais très bien ce qu'il manigançait tous les soirs, je n'étais pas dupe. Je me demandais combien de temps allait-il encore s'amuser avec ces femmes, avant qu'il ne s'en lasse...